Quentin DMR : « Ce qui est intéressant, c’est le lien avec les gens. »
Quentin DMR
Exposition ENTER / EXIT Du 27 avril au 18 mai 2018 Vernissage le 26 avril à 19h
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Par la déconstruction de photographies en noir et blanc, Quentin DMR réalise des œuvres, délicatement abstraites et résolument humaines. Juin 2017, Sète (France), rencontre…
Pourrais-tu te présenter en quelques mots ? Ça fait deux ans que je vis à Montpellier et me consacre exclusivement à mon activité artistique. C’est à l’occasion d’un séjour en Nouvelle Zélande que j’ai posé les prémices de mon travail actuel. J’y ai travaillé avec une galerie, ce qui m’a permis de développer le côté plastique de mon projet, au-delà de la seule photographie, et d’apprendre à travailler le bois. Mais j’ai vraiment approfondi ce projet en arrivant à Montpellier. J’ai eu la chance de rencontrer des artistes, comme Romain Froquet ou Philippe Baudelocque, qui m’ont beaucoup soutenu et encouragé dans mon projet. Comment décrirais-tu ton travail ? Mais la photo c’est seulement la moitié du travail. Elle fait le visuel, mais la création de l’œuvre ne se limite pas à cela. Il y a également tout le travail du support ou de l’installation. L’aspect humain semble central dans ton projet… Le lien avec les gens me passionne. J’adore la peinture abstraite, mais dans mon propre travail, j’aurais l’impression de ne pas faire les choses entièrement. Dans chacun de mes projets, il y a un aspect humain fondamental. Je prends beaucoup de temps – je passe généralement presque deux mois par projet, car je fais un gros travail de recherche et de conception. Et avant de commencer la phase de réalisation, je passe du temps avec les gens concernés, je leur explique ce que je vais faire, je les écoute. J’essaie de faire quelque chose qui corresponde le plus à leur message. Par exemple, en 2016, j’ai fait une installation à Villeneuve les Maguelones dans un ancien salin. Je devais m’approprier une pièce entière de 12 mètres sur 4 mètres environ. J’avais choisi le portrait d’un homme de 90 ans que j’avais rencontré. C’était très symbolique car c’était la pièce en question était celle où cet homme était né, et son fils aussi. Il s’agissait d’une installation dans laquelle on pouvait entrer. J’avais préparé des planches de bois d’environ 3 mètres de haut et j’avais collé la photo, d’un côté le visage de face et de l’autre l’arrière de la tête. J’avais suspendu les planches avec du fil de pêche, ce qui donnait l’impression que les planches flottaient et on pouvait se promener dans ce visage. Pourrais-tu nous parler de ton installation à la Pointe Courte dans le cadre du K-Live à Sète ? Ce qui est intéressant c’est qu’en montrant seulement les mains, chacun peut s’identifier. Quand j’ai fini le mur, les habitants du quartier m’ont dit que pour eux, cela représentait vraiment la Pointe Courte. C’est très gratifiant ! Mon objectif principal c’est vraiment les habitants du quartier, ceux qui auront mon installation sous les yeux tous les jours. Je pense que cette installation aura un impact sur l’évolution de mon travail, que cet essai va me permettre d’approfondir l’idée, d’aller plus loin. Comment s’articule ton travail en atelier avec ton travail dans la rue ? Toutes les pièces en atelier sont uniques. Je travaille à partir de photos que je colle sur des bandes de bois d’épaisseurs différentes puis j’installe l’ensemble dans des caisses américaines. J’aime le côté naturel du bois et l’idée que l’œuvre soit intégralement issue du bois – à l’exception de l’encre. Quand je travaille sur du bois je fais tout de A à Z, à part l’impression de la photo pour laquelle j’utilise un imprimeur artisan. C’est important pour moi d’utiliser le bois, et en même temps je le cache en le peignant afin de garder le côté noir/blanc. Lorsque le bois est apparent, je trouve que ça change complètement l’effet. C’est très rare que je le fasse. Est-ce que tu cherches à transmettre un message ? De même, lorsque j’ai participé à la ZAT Montpellier – un festival à Montpellier qui rassemble des artistes du monde entier – j’ai souhaité montrer une image du quartier dans lequel se trouvait mon installation, le quartier de Figuerolles. Il s’agit d’un quartier très populaire avec un mélange des religions ET DE CULTURES. J’avais choisi quatre personnes que je trouvais représentatives de ce quartier : le chef des gitans de Montpellier, une dame Ivoirienne qui tient une épicerie, le sociologue du quartier qui écrit beaucoup de livres sur ce quartier et le propriétaire de l’épicerie ou a été installée l’œuvre. Puis j’ai créé ma pièce en mélangeant les différents portraits. Cela suppose d’avoir le témoignage des personnes en même temps que l’œuvre… Pour de prochains projets, j’aimerais faire un vrai reportage sur la vie des personnes que je photographie. Que les gens racontent leur histoire face à une caméra par exemple. Je vais faire des essais. On verra si j’arrive à quelque chose. Qu’est-ce qui t’a inspiré et amené vers l’art ? As-tu déjà pensé à accompagner tes œuvres d’une bande son ? Tu peux nous en dire plus sur tes projets ? Après le K-Live à Sète, je participe en juillet au Off du festival de la photo d’Arles. C’est la première fois que je vais participer à un évènement dans le domaine de la photo. Habituellement je suis invité à des évènements d’art contemporain ou art urbain. Je n’ai pas la même approche que les photographes, pour moi la photo est plus un support que le but ultime, un élément parmi d’autres. Je suis ravi de me confronter à de « vrais » photographes, mais l’art urbain ou l’art contemporain définit davantage mon travail. Ensuite j’ai plusieurs projets à plus long terme. Avec un ami qui est écrivain à New York et professeur de poésie à NY Columbia University, nous avons prévu de faire un projet en commun. Il a écrit un roman pendant 10 ans et m’a demandé de le mettre en image par mes photos. C’est de la photographie pure, ça change de ce que je fais habituellement, aucune déconstruction. Mais on retrouve l’idée de narration. Et j’ai également un projet de photographie d’architecture. L’aspect humain sera présent, mais pas apparent. Marie-Fleur Rautou [ © Quentin DMR ] |
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